- BOSNIE-HERZÉGOVINE
- BOSNIE-HERZÉGOVINEBOSNIE-HERZÉGOVINEConstituée de deux régions et s’étendant sur 51 129 kilomètres carrés, la Bosnie-Herzégovine constituait l’une des six républiques de la Fédération des républiques socialistes yougoslaves, frontalière avec la Croatie, la Serbie et le Monténégro. Selon le recensement de mars 1991, elle comptait 4,3 millions d’habitants, dont 43,7 p. 100 de Musulmans, 31,4 p. 100 de Serbes, 17,3 p. 100 de Croates, 5,5 p. 100 de Yougoslaves et 2,1 p. 100 de nationalités diverses. La langue officielle est le serbo-croate.À l’époque de la domination romaine, la Bosnie-Herzégovine faisait partie de l’Illyrie, et les Romains y exploitèrent des ressources minières. Goths et Byzantins leur succédèrent avant l’arrivée des Slaves (VIe et VIIe s.). Avec des frontières fluctuantes, la Bosnie appartint alternativement aux territoires serbes, hongrois, byzantins, macédoniens, croates ou encore dalmates. Sur le plan religieux, les premières données datent du milieu du XIe siècle. La christianisation ne se fit pas facilement (prédominance du catholicisme), et un mouvement hérétique manichéen (bogomile) venu du territoire serbe de Raška et de Bulgarie se développa, refusant catholicisme, orthodoxie et féodalisme étranger. Si elle fut une monarchie indépendante au XIVe siècle, la Bosnie était aux XIVe et XVe siècles un État fragilisé par des gouvernements successifs, avec toutefois une période stable relativement longue sous le règne du roi Tvrtko Ier (1353-1391). Après les territoires serbes, la Bosnie tomba aux mains des Turcs en 1463. L’Herzégovine, séparée de la Bosnie en 1448, passa sous occupation turque en 1482. Si l’Empire ottoman fondait son État sur la spécificité religieuse (musulmane), on ne peut parler d’islamisation forcée. La présence importante des Slaves islamisés en Bosnie-Herzégovine résulte d’une conversion volontaire et non de l’implantation de colons turcs. Ces conversions se firent pour des raisons administratives (postes élevés dans l’administration turque) ou fiscales. Ils échappaient ainsi également au «ramassage» des janissaires (jeunes garçons de la population chrétienne enrôlés dans le corps d’infanterie du sultan et destinés aux champs de bataille ou à la garde des forteresses).Au XIXe siècle, la bourgeoisie principalement terrienne s’opposa aux réformes des sultans (1831-1832), ce qui entraîna des insurrections populaires dont les plus grandes (1875-1878) furent soutenues par les populations proches de Serbie et du Monténégro. Ces revendications furent interrompues par les décisions prises au congrès de Berlin (13 juill. 1878), et la Bosnie-Herzégovine fut occupée par l’Autriche-Hongrie, puis annexée par cette dernière en 1908. Dénonçant la politique impérialiste de l’Autriche-Hongrie dans les Balkans, un membre de l’organisation révolutionnaire La Jeune Bosnie, Gavrilo Princip, assassina François-Ferdinand d’Autriche à Sarajevo le 28 juin 1914, déclenchant la Première Guerre mondiale. En décembre 1918, la Bosnie-Herzégovine fut intégrée au royaume des Serbes, Croates et Slovènes, puis annexée dès avril 1941 par la Croatie fasciste oustacha d’Ante Paveli が. Les populations serbes orthodoxes, juives et tsiganes furent massivement exterminées par les Croates oustachas. La Bosnie-Herzégovine fut aussi un foyer important de résistance des partisans proches de Tito (libération de Jajce dès 1942). Constitutive de la Fédération yougoslave en 1945, ayant Sarajevo pour capitale, elle faisait partie des républiques les plus sous-développées. À la fin des années 1960, le gouvernement fédéral reconnaît un sixième peuple constitutif à part entière, ayant la nationalité musulmane. Cette reconnaissance, au départ nationale et non pas religieuse, allait encourager un retour à l’islam. Avec les élections pluripartistes de décembre 1990, la formation d’un gouvernement nationaliste tripartite apparaît comme le reflet de la composition nationale de la Bosnie-Herzégovine. Les principales forces sont le S.D.A. (Musulmans, leader Alija Izetbegovi が), le H.D.Z. (Croates, Stjepan Kljuji が remplacé par Mate Boban), le S.D.S. (Serbes, Radovan Karad face="EU Caron" ゼi が). Si, au début du conflit yougoslave, la Bosnie-Herzégovine, consciente de sa vulnérabilité politique et économique en tant qu’État indépendant, essaya de trouver un compromis par le biais d’une union avec les autres républiques dans le cadre d’une nouvelle fédération ou confédération yougoslave, le nationalisme exacerbé des uns et des autres allait cependant rapidement déboucher sur la guerre. Au carrefour de l’Orient et de l’Occident, la Bosnie-Herzégovine est marquée par l’imbrication des nationalités et des religions. Comment définir à qui appartient ce pays? Aux Croates, aux Serbes, aux Musulmans? À la fin de février 1992, un référendum, boycotté par les Serbes, approuve à 62 p. 100 l’indépendance de la république, république reconnue par la communauté internationale en avril de la même année.Des spéculations nationalistes régressives et xénophobes vont se développer, entraînant la population tout entière dans un conflit meurtrier où les compromis sont perpétuellement bafoués. Des républiques autoproclamées se forment rapidement: la république serbe de Radovan Karad face="EU Caron" ゼi が (janvier 1992) et la république croate d’Herceg Bosna de Mate Boban. Cependant, si les responsabilités des leaders nationalistes (et des populations légitimant leurs actions) dans la guerre sont partagées, elles ne le sont pas dans les mêmes proportions. Des tractations secrètes entre Serbes de Serbie et Croates de Croatie traduisent une volonté de dépeçage de la Bosnie-Herzégovine. Les attaques territoriales vont rapidement prouver la supériorité militaire des Serbes. Ils héritent du matériel performant de l’ancienne armée fédérale titiste, et privent ainsi les Croates et les Musulmans d’une distribution équitable des armes. De plus, ils sont militairement aidés par l’armée serbe de Slobodan Miloševi が. Le siège de Sarajevo commence dès avril 1992, et bientôt la ville est quotidiennement pilonnée par les tirs serbes. D’autres villes et villages vont suivre dans cette tourmente guerrière. Le président Izetbegovi が essaye de jouer la carte multi-ethnique sur le plan international, mais son armée va rapidement être à dominante musulmane. Le rapport de forces militaires en faveur des Serbes leur permet rapidement de reconquérir environ 70 p. 100 des territoires qu’ils légitiment au nom d’une appartenance historique datant du XIVe siècle (tsar Dušan). Le projet des Serbes de Bosnie-Herzégovine de s’unir (avec les Serbes de Croatie) à la Serbie est clairement exprimé. Menant une reconquête territoriale sans merci, le «nettoyage ethnique» (pratiqué aussi, quoique dans une moindre mesure, par les Musulmans et par les Croates) débouche sur des massacres et des déplacements massifs de population. Cette guerre civile traduit également des intérêts économiques et politiques au détriment de la population démunie: des alliances militaires locales permettent aux trois groupes de se livrer à différents trafics (produits humanitaires, armes, etc.).La guerre bosniaque a révélé l’impuissance de la communauté internationale au cœur de l’Europe, avec des divergences sur les mesures à adopter, et cela non seulement au niveau des Douze, mais encore avec les autres partenaires (par exemple, les États-Unis et la Russie). Elle traduit également une absence de moyens suffisamment dissuasifs pour contrer toute tentative de création de nouveaux États par la force. On peut s’interroger sur les véritables motifs de la passivité de la communauté internationale.Bosnie-Herzégovineétat d'Europe (membre de la rép. fédérée de Yougoslavie jusqu'en 1992); 51 129 km²; 4 356 000 hab.; cap. Sarajevo. Langue: serbo-croate. Monnaie: dinar yougoslave. Pop.: Slaves musulmans, 43 %; Serbes orthodoxes, 32 %; Croates catholiques, 18 %. La rég., montagneuse, se consacre à l'élevage. Le sous-sol est riche: charbon, fer, lignite, manganèse, sel gemme. Hist. - Le pays fait partie de l'Empire ottoman (1463-1878), puis est administré par l'Autriche-Hongrie, qui l'annexe en 1908; l'opposition de ses hab. donne naissance au mouvement Jeune-Bosnie, inspirateur de l'attentat de Sarajevo. En 1918, la Bosnie-Herzégovine s'unit au nouvel état yougoslave et forme en 1945 une rép. fédérée. La Bosnie-Herzégovine opte pour l'indépendance en mars 1992 par référendum (abstention des Serbes). En avril, sa reconnaissance par la C.é.E. et les È.-U., et son admission à l'ONU sont suivies d'une violente offensive des Serbes contre Sarajevo et plus. villes de province. L'ONU décrète alors un embargo contre la fédération de Yougoslavie et envoie des casques bleus à Sarajevo. Elle condamne la purification ethnique, autorise l'usage de la force pour protéger les missions humanitaires, renforce les sanctions contre la Serbie (qui contrôle les deux tiers du territ.) et interdit le survol de la Bosnie à l'aviation serbe. Les négociations sont entamées en août 1992 sous l'égide de l'ONU et de la C.é.E. Les accords de Dayton (Ohio), signés le 21 nov. 1995, sous l'égide du prés. Clinton, par les présidents serbe, bosniaque et croate, ont instauré une paix plus durable: l'état de Bosnie-Herzégovine comprendra la Fédération croato-bosniaque et la Rép. serbe de Bosnie; la capitale, Sarajevo, ne sera pas divisée. (V. Yougoslavie.)
Encyclopédie Universelle. 2012.